Ce blog a été réalisé avant le début de la pandémie de la COVID-19, lorsque la distanciation sociale et les autres protocoles de la COVID n'étaient pas en vigueur. Les entreprises et les communautés présentées dans cet article peuvent à nouveau accueillir des visiteurs, mais veuillez vérifier leurs statuts, car certaines sont encore fermées ou elles ont des opérations limitées.

Par Valerie Berenyi

Les expériences dans la nature sauvage permettent aux invités de s’approcher, de façon respectueuse, de la faune.

Navigant à bord d’un bateau en aluminium de 28 pieds (8,5 mètres) au large de la pointe nord-est de l’île de Vancouver, le groupe de touristes entrevoit la courbe caractéristique de la bosse d’une baleine avant que celle-ci ne glisse dans les profondeurs de l’océan. Quelques minutes après que le moteur du bateau soit coupé, une énorme baleine apparaît à la proue pour inspecter les 12 humains stupéfaits. Admirer la faune de si près « dans un petit bateau avec un petit groupe rend l’expérience intime, intense et unique », affirme M. Thomas Coon, guide-interprète et coordonnateur touristique chez k’awat’si Tours et membre de la Première Nation Gwa’sala-‘Nakwaxda’xw près de Port Hardy, en Colombie-Britannique.

L’expérience palpitante d’observer des créatures sauvages se promener librement dans leur univers naturel est certes inoubliable. Mais, quand cette expérience est guidée par un opérateur touristique autochtone possédant une connaissance profonde du territoire, des animaux, des plantes et des cycles de la nature — et ayant des racines à cette terre remontant à des millénaires —, vous vivrez quelque chose d’incomparable. Selon une étude menée par l’Association touristique autochtone du Canada (ATAC) et Destination Canada, les voyageurs en provenance des États-Unis recherchent des expériences authentiques qui ne sont pas offertes ailleurs. Ils préfèrent des interactions réelles et personnelles avec les peuples autochtones pour mieux connaître leur culture et avoir ce contact privilégié avec la nature en petits groupes.

Le marché existe bel et bien, et il est florissant. Les occasions de faire une plongée dans la nature, sa faune et sa flore en étant accueillis par des communautés autochtones se multiplient sans cesse. Le nombre d’entreprises de tourisme autochtone est passé de 892 en 2002 à plus de 1 500 en 2014, d’après les chiffres du rapport de recherche national sur le tourisme autochtone de l’ATAC.

Jasper Tour Company, Alberta

Les visiteurs veulent interagir avec les Autochtones et apprendre d’eux. Certains sont des conteurs émérites et des gardiens du savoir, comme M. Joe Urie. Guide métis et propriétaire de Jasper Tour Company, M. Urie partage ses connaissances de la vallée de l’Athabasca — son foyer ancestral depuis les années 1860 — avec des visiteurs internationaux arrivant à Jasper, en Alberta. Lors de ses divers circuits en voiture, il apprend aux nouveaux venus à observer la mégafaune, notamment les grizzlis, les wapitis, les coyotes, les loups et les orignaux à une distance respectueuse. Il frémit quand il voit des touristes se précipiter hors de leurs voitures quand ils aperçoivent une maman grizzli et ses petits au bord de la route. Pas de ça avec Joe ; ses invités sont autorisés à quitter le véhicule seulement quand il n’y a aucun danger et ils doivent maintenir une distance sûre. « J’essaie de les faire descendre sur le terrain autant que possible, dans les situations propices », explique M. Urie. « Ils ont toujours les pieds sur le béton chez eux. »

De la même façon, les guides inuits au Québec incarnent cet exemple de gens vivant en harmonie avec l’univers naturel quand ils font visiter leur terre natale au Nunavik qui comprend le tiers nord de la province. Aventures Inuit offre un forfait intitulé « Les majestueux trois », qui permet aux visiteurs de voir l’ours polaire, le boeuf musqué et le caribou – les trois plus grands animaux terrestres de la faune arctique. Les visiteurs peuvent voyager en canot ou en avion et découvrir quatre des quatorze villages inuits de cette vaste région.

« Personne ne connaît mieux le territoire que les Inuits », affirme Mme Marie-Claire Moraine, qui s’occupe du développement des affaires de l’entreprise. « Ils ont constaté une diminution du nombre de caribous. Par respect pour l’animal, ils ne prennent que la quantité dont ils ont besoin. Et, ils utilisent toutes les parties de l’animal. » Alors que notre planète subit des changements climatiques, le tourisme autochtone peut nous enseigner des leçons significatives sur la fragilité

Arctic Bay Adventures, Nunavut

de l’environnement. Prenons, par exemple, Arctic Bay Adventures, basé dans le hameau éloigné de la baie de l’Arctique, au Nunavut. Un de ses forfaits offre la possibilité de voyager avec les guides inuits locaux pour découvrir la beauté fugace et magnifique de la vie au bord d’une banquise sous un soleil d’été qui brille 24 heures sur 24. Ceux qui sont chanceux pourront apercevoir une « licorne de mer » dans les eaux arctiques, dont la dent, semblable à une défense, s’élève vers le ciel ; les narvals sont menacés par les changements climatiques qui entraînent une diminution de la glace marine.

Certains opérateurs touristiques sont extrêmement fiers de mettre en valeur les techniques traditionnelles de leur peuple quant à la récolte des plantes et à la chasse des animaux. Painted Warriors Ranch, situé au nord-ouest de Calgary, dans l’arrière-pays sauvage du sud de l’Alberta, en est un parfait exemple. L’entreprise 100 % autochtone offre des programmes d’équitation, de chasse et de survie et enseigne aux nouvelles générations les façons de faire vieilles de plusieurs siècles qui demeurent pertinentes aujourd’hui.

Tundra North Tours, Territoires du nord-ouest

D’autres opérateurs touristiques autochtones ont un pied dans l’ancien et l’autre dans le nouveau. M. Kylik Kisoun Taylor de Tundra North Tours offre le forfait « Ultime aventure nordique » destiné aux amateurs de sensations fortes qui veulent se lancer sur le terrain et se dépasser mentalement et physiquement. Un Inuvialuit/Gwich’in, il est basé à Inuvik, dans les Territoires du Nord-Ouest, où commence l’expédition de sept jours. Les visiteurs construiront et dormiront dans des igloos, feront une excursion à bord d’une motoneige dans la toundra pour mener un troupeau de 3 000 rennes semi-domestiqués vers les aires de mise bas — le lien ancien entre l’homme et les animaux servi à la moderne. M. Taylor affirme que c’est son expédition préférée de la saison froide, une « conçue pour les gens qui veulent vivre une expérience ultraauthentique. C’est l’expédition qui se rapproche le plus du bon vieux temps — exception faite des super belles motoneiges. »

Dené Sinclair

Dené Sinclair

Mme Dené Sinclair était directrice marketing de l’ATAC. Elle vit et travaille à Winnipeg sur le territoire du Traité No.1 et la terre natale de la nation Métis. Membre de la Première Nation Peguis et fière Anishinaabekwe, Mme Sinclair est originaire de Selkirk, au Manitoba (la bande St. Peter’s).