Fumée et spiritualité : éléments de la cuisine autochtone
Par Joanne Sasvari
Denise Atkinson se souvient comment, quand elle allait cueillir des bleuets dans son enfance, un grand pot de thé fumait toujours sur le feu de camp.
« Une bonne tasse de thé, ça fait partie de la culture autochtone », déclare la copropriétaire de Tea Horse. une entreprise d’aliments d’origine sauvage située à Thunder Bay. « C’est une tradition ancrée dans la famille, une tradition multigénérationnelle, de ma grand-mère jusqu’aux enfants. C’est très anishinaabe. »
Le théier, camellia sinensis, n’est pas originaire des Amériques, mais il est devenu l’un des éléments, parfois surprenants, de la cuisine autochtone contemporaine.
Quels en sont les autres éléments ? Les techniques traditionnelles telles que la cuisson des aliments au feu de bois – le saumon fumé au bois de cèdre sur la côte Ouest peut-être, ou, plus spectaculaire encore, la tour des flammes appelée « Potence » au restaurant Sagamité à Wendake, au Québec, où le chef Steeve « Wadohandik » Gros-Louis allume un trépied en bois pour y faire rôtir chevreuil, wapiti ou bœuf, dans une version contemporaine de la cuisine wendate.
La cuisine autochtone rend également hommage à la culture, à l’art et aux rituels des personnes qui cultivent, préparent et servent la nourriture. Elle figure même sur des cartes de vins comme celle du Little Chief Restaurant au Grey Eagle Resort de la Nation Tsuut’ina à l’extérieur de Calgary, qui propose les grands crus de vignobles appartenant à des Autochtones comme Indigenous World Winery et Nk’Mip Cellars.
Mais, avant tout, la cuisine autochtone met l’accent sur les ingrédients qu’on récoltait ici avant l’arrivée des Européens : les baies, le riz sauvage, les viandes de gibier, le poisson et les fameuses « trois sœurs » – le haricot, le maïs et la courge.
Par exemple, Denise Atkinson et son partenaire Marc H. Bohémier ont fusionné leur amour du thé avec les ingrédients sauvages du Nord de l’Ontario, en particulier le riz sauvage récolté des lacs voisins par des cueilleurs autochtones. Inspirés par le genmaicha japonais, un thé vert riche en antioxydants combiné avec du riz brun torréfié, ils ont créé ce qu’ils appellent manoomin cha, « manoomin » étant le mot ojibwé pour le riz sauvage.
« C’est plus que de l’alimentation », dit Marc. « Il s’agit d’un lien spirituel avec la terre. »