Perspective médiatique : quatre éléments importants à retenir du CITA 2018
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Mme Norie Quintos, envoyée spéciale de Nat Geo et consultante en communications, a assisté à la 7ème édition du Congrès international du tourisme autochtone qui a eu lieu au début du mois à Saskatoon, en Saskatchewan, sur le territoire du Traité no.6 et la terre natale des Métis. La dernière soirée, elle a co-présenté la cérémonie des Prix Tourisme Autochtone avec M. Keith Henry, président-directeur général de l’ATAC. Elle a également été conseillère à la rédaction du Guide des expériences autochtones au Canada. Nous l’avons invitée à nous donner son point de vue sur les points clés du congrès.
Perspective médiatique : quatre éléments importants à retenir du CITA 2018
par Norie Quintos
1.Le tourisme autochtone est à un point de bascule.
Ce qui m’a frappée lors du congrès de deux jours, c’est que cette industrie est à un point de bascule – défini par le journaliste Malcolm Gladwell comme « le point critique, le seuil, le point d’ébullition ». Partout dans le monde, et surtout dans les marchés importants pour le Canada, tels que les États-Unis, la Chine et le Royaume-Uni, les voyageurs s’intéressent de plus en plus aux expériences culturelles autochtones. Chez les Américains, 27 % démontrent un intérêt pour ces expériences; chez les Chinois, 35 % et chez les Français, pas moins de 63 %. En fait, pour les Français, explorer la culture autochtone constitue la troisième activité la plus importante, après des promenades dans la nature et la découverte de la cuisine locale. En bref, l’intérêt est là, le marché existe, la croissance est évidente. (Les présentations de M. Keith Henry de l’ATAC, de l’honorable Mélanie Joly, ministre du Tourisme, de M. David Goldstein de Destination Canada et quelques séances en ateliers au congrès ont abordé de plus près ces sujets-là).
2. Nos histoires et nos conteurs sont la clé du succès.
Le tourisme autochtone regorge d’histoires à raconter, et plusieurs d’entre elles se trouvent à la croisée des courants puissants et durables dont les médias raffolent et que les consommateurs sont prêts à réserver : aventure, nature, bien-être, et surtout, voyage culinaire, durable et transformationnel. Et, les conteurs, branchés à la terre depuis des milliers d’années, sont authentiques et crédibles comme peu d’autres peuvent l’être. La clé du succès pour les opérateurs est de comprendre comment intégrer ces tendances à leurs offres, pour raconter une histoire nuancée allant au-delà des stéréotypes attendus et pour mieux rejoindre leur audience. (Plusieurs séances ont abordé ces sujets-là, dont une axée sur la narration et une autre sur le développement du tourisme culinaire.)
3. L’île de la Tortue peut éclairer le chemin.
L’industrie touristique autochtone au Canada est particulièrement bien placée pour montrer la voie au reste du monde. Le processus imparfait mais important de « Vérité et Réconciliation » au Canada a également constitué le premier pas nécessaire pour permettre aux Canadiens de reconnaître, d’apprécier et de promouvoir la diversité et le dynamisme des Premières Nations et Métis du pays. Aucun autre pays industrialisé comptant des populations autochtones importantes est rendu si loin – ni l’Australie, ni les États-Unis. L’île de la Tortue est en position de chef de file. Les partenariats solides établis au sein même du pays sont d’une aide précieuse surtout lorsqu’il s’agit de rassembler les ressources nécessaires. (Le discours de clôture de M. Jesse Wente, critique de cinéma et de culture populaire, a retracé l’histoire de l’appropriation culturelle et a abordé la concrétisation de la promesse de souveraineté autochtone. Et, la participation de délégations de la Colombie et de tribus des États-Unis démontre que le reste du monde se tourne vers le Canada en matière de meilleures pratiques.)
4. C’est ce dont le monde a besoin maintenant.
La planète Terre traverse une période de volatilité. Le changement climatique perturbe les conditions météorologiques et redessine la carte du monde. Les pressions économiques dans le monde entier ont des conséquences réelles qui conduisent à la montée des dictateurs et des despotes colportant des vérités faciles. La révolution numérique qui nous connecte 24/7 s’est avéré, ironiquement, avoir un côté sombre qu’est la déconnexion avec l’humain. Malgré d’énormes innovations technologiques et scientifiques, les gens se rendent compte que la société moderne n’a pas toutes les réponses. Beaucoup cherchent et trouvent les réponses dans les anciennes cultures, celles des premiers intendants de cette terre. Le tourisme autochtone véhicule un message pertinent à notre époque.
Comme je l’ai souligné lors de la cérémonie de remise des prix aux meilleurs opérateurs de l’industrie : « Vous pratiquiez la durabilité avant qu’elle ne devienne une nécessité. Vous offriez des voyages transformateurs avant qu’ils ne deviennent tendances. Et, vous le faites depuis des milliers d’années, même si les choses ont évolué. Vous ne pouvez être plus authentiques que ça. Vous avez ouvert la voie sans même que personne ne s’en rende compte. Vous êtes l’avenir du tourisme. »