Peuple, eau et terre : Homalco Tours guide les visiteurs vers la réconciliation
Le peuple Homalco (Xwémalhkwu) est aussi connu plus familièrement comme « le peuple des eaux rapides ». Cette appellation vient des courants rapides qui abreuvent le territoire traditionnel de la Nation, sur la côte ouest du pays connu aujourd’hui comme le Canada. Depuis les temps immémoriaux, les Xwémalhkwu ont peuplé Bute Inlet et ses eaux environnantes (au nord-est de Campbell River). Ils furent parmi les premiers résidents de l’Île de Vancouver, côtoyant en paix les Nations Klahoose, Island Comox, Lakwiltok et Sliammon, en adoptant même le dialecte de ces derniers. À l’image des eaux qui sous-tendent la culture xwémalhkwu, son histoire est tout aussi turbulente. La constante étant la révérence tenace des membres de la communauté pour trois choses : leur peuple, leurs eaux, leur terre.
Homalco Wildlife & Cultural Tours met de l’avant ces valeurs ancestrales lors de leur toute nouvelle visite culturelle guidée sous le thème « Peuple, eau et terre ». Connu pour leur exceptionnelles excursions en nature pour observer grizzlis, orques et baleines à bosse, l’offre postpandémique de Homalco Tours explore de plus proche le mode de vie passé des Xwémalhkwu. Une extension poignante à une expérience déjà époustouflante de tourisme autochtone, cette offre bonifiée œuvre vers la réconciliation nationale qui prend de l’essor depuis ces dernières années.
Le gravitas n’est pas omniprésent durant cet itinéraire de 5 heures. Le voyagement en nature fait autant partie de l’expérience que les connaissances partagées sur les sites. L’aventure commence à Coast Discovery Marina à Campbell River où notre guide locale brosse le tableau de la journée. Ensuite, embarquement sur un bateau affrété faisant partie d’une flotte neuve pour un voyage d’une heure sur la mer des Salish. Cette croisière s’accompagne de connaissances culturelles et d’histoires issues des traditions, le tout joyeusement interrompu à l’occasion par des lions de mer et des baleines à bosse.
Le bateau dépose les passagers, devenus randonneurs, au village historique de Aupe (qui traduirait comme maison d’église en langue coloniale). L’excursion interprétative plonge dans l’histoire complexe des Xwémalhkwu. Traversant la flore de la côte Pacifique avec nous, la guide reste digne en expliquant la colonisation des terres par les Pères Oblats dans les années 1860. Un temps d’obscurantisme où les missionnaires bannirent les savoirs ancestraux des Xwémalhkwu, et proscrivirent costumes traditionnels, masques et sculptures. Il était strictement interdit aux membres de la communauté de pratiquer leur tradition, que ce soit cérémonie, chants ou danses.
Les répressions les plus senties furent l’interdiction de pratiquer la langue ancestrale et l’effacement des valeurs traditionnelles par l’application stricte et sévère de notions chrétiennes. Au début du vingtième siècle, les Pères Oblats relocalisèrent les Xwémalhkwu au site « Muuskin » (vieille maison d’église) sur l’île de Sonara. Ce campement fut de courte durée car vulnérable aux vents d’hiver qui punirent la population et les infrastructures.
À la suite de cette débâcle, la communauté fut placée à l’estuaire de Bute Inlet, au cœur du Calm Passage, communément appelé Aupe. Ce coin à l’abri des vents violents et abondant en faune marine incarne le thème de la visite guidée « Peuple, eau et terre ». De nos jours, ce coin de pays est inhabité (avec l’exception de l’ours noir de passage) car les résidents quittèrent les lieux au début des années 1980.
Dans les années 1890, les pensionnats autochtones furent imposés à cette communauté suite à des mesures répressives du gouvernement fédéral partout au Canada. En longeant les ruines de l’ancien pensionnat, notre guide se lamente des abus physiques, émotionnels et sexuels qui y furent commis sur les enfants des Xwémalhkwu et les séquelles intergénérationnelles qui perdurent jusqu’à aujourd’hui. Ce séminaire vit l’effondrement des familles, de la culture et de la langue, et engendra un long traumatisme pour le peuple xwémalhkwu.
En quittant ce lieu à l’histoire si pénible, notre guide se veut triomphante en parlant de la résilience de la communauté et mène le groupe à une clairière offrant une vue imprenable sur la mer des Salish. Nous sommes répartis en pair pour apprendre à tisser des bracelets traditionnels en bois de cèdre; faisant vivre la culture xwémalhkwu sur les lieux mêmes où elle fut étouffée pendant plus d’un siècle.
Les vraies valeurs de la côte du nord-ouest au poignet, la méditation est propice avec l’océan Pacifique à perte de vue. Notre guide nous fait découvrir la mélodie gracieuse de The Warrior Women Song (par Martina Pierre de la Nation Lil’wat). En une journée, grâce à cette initiative touristique prônant la réconciliation, nous avons acquis une perspective profonde sur la tragédie des pensionnats autochtones.