Se réapproprier notre histoire – La résilience en action
Quatre anciens pensionnats autochtones deviennent des lieux d’accueil et de guérison.
Les murs de pierre recouverts de lierre du St. Eugene Resort confèrent au bâtiment situé près de Cranbrook, en Colombie-Britannique, un air de dignité et d’élégance qui masque son sombre passé. À première vue, il ressemble à n’importe quel autre hôtel historique, mais de 1912 à 1970, la mission St. Eugene était un pensionnat pour enfants autochtones – l’un des plus de 130 institutions de ce triste acabit qui ont existé au Canada entre 1831 et 1996.
La décision de convertir l’ancien pensionnat en centre de villégiature a été une décision difficile pour la Nation Ktunaxa. Certains survivants du pensionnat voulaient réduire le bâtiment en cendres, mais ils ont finalement décidé de transformer un héritage douloureux en une entreprise touristique qui pourrait créer des opportunités d’emploi pour les générations futures et promouvoir la culture ktunaxa.
Une citation encadrée de la défunte Aînée Mary Paul orne fièrement le hall de l’hôtel : « Étant donné que c’est dans l’école de la mission St. Eugene que la culture des Kootenay a été enlevée, c’est dans ce bâtiment qu’elle doit être restituée. » Mary Paul a vécu la douleur et les pertes causées par les pensionnats. La décision de la Nation Ktunaxa de transformer un ancien pensionnat en une entreprise touristique n’est qu’un exemple de la résilience des peuples autochtones au Canada.
Le tourisme autochtone joue un rôle important dans le partage de la culture autochtone permettant aux visiteurs d’acquérir une meilleure compréhension et perspective. Soutenir les opérateurs touristiques autochtones constitue également un moyen de favoriser la réconciliation et de créer un impact positif sur la croissance économique des communautés autochtones. Voici quatre anciens pensionnats qui proposent maintenant des expériences touristiques autochtones canadiennes.
St. Eugene Golf Resort and Casino – Cranbrook, Colombie-Britannique
Situé à l’extérieur de Cranbrook, le St. Eugene Golf Resort and Casino compte un luxueux hôtel de 125 chambres, un parcours de golf de championnat de 18 trous par 72 conçu par Les Furber, un casino, un parc pour VR et un terrain de camping, ainsi qu’un club de santé avec un sauna, deux bains à remous et une piscine extérieure. Le centre de villégiature abrite également le centre d’interprétation Ktunaxa qui se trouve au niveau inférieur du bâtiment historique d’origine de la mission. Vous pouvez planifier une visite de 90 minutes du centre d’interprétation et de l’ancien bâtiment de la mission en compagnie d’un survivant des pensionnats qui vous expliquera sur les croyances et la culture autochtones et partagera son expérience des pensionnats.
« Faire visiter les lieux m’aide à guérir », explique Margaret Teneese, guide touristique. « La construction du centre de villégiature fait partie de notre réconciliation avec ce qui s’est passé ici. » Pendant les mois plus chauds, toute une gamme d’activités et d’expériences sont proposées aux clients de l’hôtel et en VR au Tipi Village près du parc de VR. Les clients peuvent écouter des contes autour d’un feu en soirée, savourez du ragoût de bison et du pain bannique, découvrir l’artisanat traditionnel et bien plus encore. Des programmes d’éducation autochtone destinés aux entreprises sont également offerts au centre de villégiature.
Musée national des pensionnats autochtones du Canada – Portage la Prairie, Manitoba
Juste en dehors de la ville de Portage la Prairie, l’ancien pensionnat autochtone de Portage abrite maintenant le Musée national des pensionnats autochtones du Canada. L’ancien pensionnat et les terres qui l’entourent appartiennent à la Première Nation de Long Plain. Comptant parmi les 17 pensionnats du Manitoba, le pensionnat de Portage la Prairie a été géré par la Société des femmes missionnaires étrangères de l’Église presbytérienne jusqu’en 1965, l’Église unie jusqu’en 1969 et le ministère des Affaires indiennes jusqu’à sa fermeture en 1975. En 2005, le bâtiment a été déclaré lieu historique provincial. Les enfants de la Première Nation de Long Plain et des communautés du Nord fréquentaient cette école.
L’ancien pensionnat a été transformé en musée par la Première Nation de Long Plain pour diverses raisons. L’une des plus importantes étant de préserver une partie importante de l’histoire canadienne qui ne doit pas être oubliée. Le musée éduque les visiteurs autochtones et allochtones sur les impacts passés et présents du système des pensionnats. Son mandat est de transformer le bâtiment « d’un lieu de souffrance en un lieu de guérison ».
Visites du pensionnat St. Mary par la Nation Stó:lō – Mission, Colombie-Britannique
Le territoire traditionnel de la Nation Stó:lō s’étend de la communauté de Yale dans le canyon du Fraser jusqu’à l’embouchure du fleuve Fraser. Le mot « Stó:lō » signifie « fleuve » et les Stó:lō sont « les gens du fleuve ». Aujourd’hui, la Nation a un programme touristique proposant une variété de visites et d’expériences culturelles. Outre les activités comme la sculpture, le tissage et la narration offerts dans la maison longue éducative de Coqualeetza, l’équipe d’enseignement culturel propose des visites guidées du pensionnat St. Mary dans la ville voisine de Mission. Les visiteurs se rassemblent dans la chapelle et découvrent l’histoire de l’école avant de faire une visite guidée du bâtiment et des dortoirs des étudiants. C’est une occasion de voir l’un des rares pensionnats autochtones au Canada ayant résisté au temps et d’en apprendre davantage sur le vécu des jeunes Autochtones qui ont été forcés de fréquenter ces écoles.
Centre culturel Woodland – Brantford, Ontario
Situé à Brantford, le pensionnat autochtone Mohawk Institute était en opération de 1828 à 1970. Il était fréquenté par les enfants des Six Nations (les Onondagas, les Mohawks, les Cayugas, les Oneidas, les Sénécas et les Tuscaroras) et d’autres communautés de l’Ontario et du Québec. Le pensionnat, qui a détruit la culture et la langue des Autochtones, a fermé ses portes en 1970. Le bâtiment a rouvert en 1972 sous le nom du Centre culturel Woodland, un organisme sans but lucratif dont l’objectif est la préservation et la promotion de la culture et du patrimoine autochtones. Il y a un musée sur place avec de nombreux artefacts et les visiteurs peuvent également faire des visites guidées de l’ancien pensionnat en ligne et en personne. Le Centre culturel Woodland mène présentement une campagne intitulée « Save the Evidence » pour rénover le bâtiment et développer un centre d’interprétation sur les pensionnats au Canada. Les programmes et les installations du centre servent à préserver et à promouvoir l’histoire, l’art, la langue et la culture du peuple haudenosaunee des forêts de l’Est.
Debbie Olsen est une écrivaine métisse primée et une auteure à succès nationale. Suivez-la sur www.wanderwoman.ca.