Se réapproprier notre place grâce à la nourriture

À cause de l’oppression des colonisateurs, plusieurs techniques et ingrédients traditionnels furent bannis et mis aux oubliettes dans le passé. Aujourd’hui, les peuples autochtones se réapproprient leurs savoirs ancestraux et réapprennent les méthodes traditionnelles pour la cueillette, la chasse et la préservation. La cuisine autochtone s’inspire de ce savoir collé au terroir et y ajoute une pincée créative, contemporaine et à la canadienne. Outre ses saveurs, cette cuisine redonne aux Autochtones leur place dans la marche de l’Histoire.

Le terroir, notre épicerie et notre garde-manger

Les étendues vastes et diverses du Canada ont pendant longtemps façonné les cuisines autochtones à l’image du terroir. Les éléments, la faune et la flore ont prodigué leurs bienfaits pendant des milliers d’années aux premiers peuples. Chaque région proposait des mets différents que ce soit pour le gibier, les fruits de mer, les plantes ou les fruits. De la viande de baleine et des mûres blanches du Grand Nord au saumon et au flétan de la Côte Ouest en passant par les champs de riz sauvage des terres humides du Manitoba jusqu’à l’Atlantique, la diversité culinaire des communautés autochtones était à l’image de la terre elle-même.

L’interdépendance de la chaîne alimentaire

Les sources traditionnelles de nourriture étaient intégrées à un plus grand écosystème interrelié et sain. Les premiers peuples ne prélevaient que ce dont ils avaient besoin et veillaient à ne rien gaspiller par respect. Même si le poisson était en abondance, les communautés à proximité en consommaient chaque partie comestible que ce soit la tête, les yeux, les œufs ou les abats.

Les parties non-comestibles étaient utilisées avec ingéniosité à des fins pratiques. Les os servaient à faire des outils et les peaux et les fourrures, à faire des habitations ou des habits. Ce n’est pas tout ; le cuir était utilisé pour fabriquer les bottes d’hiver, les filets de pêche et les peaux tendues de tambour. Les intestins et les vessies devenaient des ustensiles et des gourdes. Les racines des plantes et l’écorce des arbres pouvaient servir à d’innombrables choses dont la préservation de la nourriture.

Les trois sœurs

La nourriture était traditionnellement cultivée, récoltée et consommée dans le cadre de valeurs bien définies qui faisaient ressortir l’interdépendance des espèces, le respect pour la nature, voire même une sensibilité écologique. Un exemple bien concret est la cultivation de trois plantes, appelées « Les Trois Sœurs », par les Haudenosaunee. Fèves, maïs et courge – trois sœurs car elles s’entraident pour croître. Les fèves fixent l’azote dans la terre pour maintenir ses sœurs en santé. Les tiges de maïs procurent la structure qui permet aux fèves, qui est une plante grimpante, de s’agripper. Avec ses grandes feuilles au sol, la courge aide à garder la terre humide et protège ses sœurs contre les mauvaises herbes. Ensemble, ces trois plantes forment une équipe de tonnerre pour une agriculture et une alimentation des plus saines.    

Santé, délicieux, local

D’un bout à l’autre du pays, les communautés autochtones se réapproprient leurs richesses culinaires, leurs ingrédients et leurs techniques traditionnelles. Cette nourriture qui reprend vie est adaptée avec talent et créativité pour plaire aux papilles d’aujourd’hui. D’ailleurs, plusieurs chefs autochtones avec des formations pointues sont derrière les fourneaux des restaurants branchés partout au Canada, et ils cumulent des prix tout en « rendant hommage à un riche passé et un précieux patrimoine. »

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